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Libération

Politiques. L'émergence du souverainisme conservateur.

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publié le 9 juillet 1999 à 23h47

Depuis le 13 juin, la plupart des dirigeants politiques s'évertuent à démontrer qu'il ne s'est rien passé aux élections européennes. La réalité est évidemment totalement inverse.

Avec quelque 60% d'abstentions et de votes blancs ou nuls, la France a accompli un véritable bond vers l'américanisation de sa vie politique. Dans ces conditions, aucun parti ne saurait se présenter en vainqueur.

Le scrutin européen n'a fait que des victimes ­ en premier lieu, la citoyenneté ­, des vaincus et quelques bénéficiaires. Parmi ceux-ci, les souverainistes incarnés par Charles Pasqua et par Philippe de Villiers se taillent la part du lion. La droite parlementaire est fracturée comme jamais depuis le début de la Ve République. Le fait essentiel est l'émergence d'un fort courant souverainiste conservateur.

«Souverainiste conservateur», cela ressemble d'ailleurs fort à un pléonasme. La gauche a été patriote, souvent cocardière, parfois belliciste, de la Révolution au début de ce siècle. Elle est restée patriote, a connu des phases internationalistes tantôt naïves et tantôt consternantes, est désormais dans sa plus large majorité résolument européenne.

La droite a fait en partie le chemin inverse. Elle a troqué progressivement ses sentiments monarchistes ou bonapartistes pour une patriotisme ombrageux, soupçonneux, belliqueux. Aujourd'hui, elle se partage, à peu près à égalité, entre européens (par passion ou par raison) et souverainistes.

Le fait nouveau est que ces derniers viennent de trouver un