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Interview

Faut-il sauver la droite (4): Guy Sorman. «La droite doit se débarrasser du gaullisme». Pour l'économiste, le renouveau passe par le libéralisme.

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publié le 10 juillet 1999 à 23h46

Confrontée à sa plus grave crise depuis la naissance de la Ve

République, comment la droite peut-elle se refaire? La réponse de l'économiste Guy Sorman pour qui la droite ne trouvera son salut que dans «le projet libéral» et «en tirant un trait sur le nationalisme». Pourquoi la droite s'enfonce-t-elle dans une telle crise d'identité?

Parce qu'elle est comprimée dans une camisole de force: l'élection du président de la République au suffrage universel. C'est elle qui crée l'opposition binaire droite-gauche alors que le tempérament national est plutôt ternaire. Depuis la révolution, on a toujours eu, au minimum, trois camps: une gauche, un centre libéral et modéré et une droite nationale. L'élection présidentielle comprime ces tempéraments. Ce système, qui a d'abord provoqué la grande souffrance de la gauche en l'empêchant longtemps d'accéder au pouvoir, génère aujourd'hui la crise d'identité de la droite. Il contraint des gens qui ont assez peu de points communs à s'entendre pour exister. L'échec électoral n'est que le résultat d'un échec intellectuel, la cohabitation de deux forces antagonistes: le centre et les nationalistes.

Comment la droite peut-elle se dégager de cette camisole?

En tirant un trait sur le nationalisme puisque ce n'est pas une force d'avenir. C'est l'équivalent à droite de ce que fut le communisme à gauche, c'est-à-dire la gestion du passé. Les communistes ont longtemps géré le souvenir de la révolution, les souverainistes gèrent aujourd'hui le souvenir d'un