Or donc, le gouvernement a lancé une campagne d'information pour la sécurité routière, confiée, dans sa version télé pub, à l'oeil scalpel de Raymond Depardon, dont on se doutait bien qu'il ne ferait pas dans la dentelle métaphorique. Effectivement. Alternance de documents d'archives à même le Samu et de fictions filmant la réaction de supposés témoins (les larmes d'un jeune homme aux urgences, le regard interdit d'une gamine qui croise un carambolage), le montage de Depardon, mis en musique sur l'air guilleret de la Route fleurie (chantée par Guétary), est, comme on dit, d'une «efficacité redoutable». Mais certains contestent déjà la pertinence de l'ensemble de la campagne, affiches comprises, qui, sur le même principe du contraste, superposent des clichés de bonheur à des slogans refroidissants: «Ils ont eu leurs examens. Ce soir, ils tueront un enfant.» Certes, on est bien loin du catastrophique «Un verre ça va, deux verres"», qui a abreuvé toute une génération de gaudrioles à la sortie des boîtes de nuit, mais il n'est pas certain que la virulence de l'antipoison actuellement distillé sur les télés ne provoquera pas une surenchère d'intoxication dans le registre du «trop, c'est trop». D'autant que la vraie tartuferie est d'une autre ampleur. On sait (voir Libération du 23 juin) que le gouvernement a d'abord recalé une première version du spot Depardon, jugée trop dure. Mais ce qu'on sait surtout, c'est que, par ailleurs, à longueur d'écrans publicitaires, le plus souvent
La vie en pub. Déroutant Depardon.
Article réservé aux abonnés
par Gérard Lefort
publié le 10 juillet 1999 à 23h46
Dans la même rubrique