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TRIBUNE

L'armée au risque de la persuasion

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Une fois éliminés le service national et la menace de guerre sur le territoire, les militaires ne peuvent qu'invoquer leurs valeurs et leur devoir envers la nation pour défendre leur existence. Et c'est une chance.
publié le 13 juillet 1999 à 23h43

La qualité des relations que l'armée entretient avec la nation est un sujet d'éternelle interrogation. Disparition de la menace soviétique, suppression du service national, diminution régulière du budget de la défense ­ aujourd'hui stabilisé ­ conduisent de nombreux militaires à s'interroger sur leur place dans la société. Les militaires sont extrêmement sensibles aux jugements que portent les civils. A contrario, ces derniers sont aujourd'hui relativement indifférents aux états d'âme de l'armée.

Face à cette situation et aux craintes qu'elle peut susciter, la communauté militaire a globalement deux possibilités.

La première se traduit par une attitude d'injonction. La nation n'a pas le droit de se détourner de l'armée et des militaires. Si la paix existe aujourd'hui, c'est parce que l'armée a réussi sa mission, qui était d'éloigner le spectre d'une nouvelle guerre sur le territoire français. Ainsi, le succès de cette mission ne doit pas se traduire par l'abandon de ceux qui l'ont menée, il y a au contraire une dette à leur égard. Si la nation n'est pas consciente de cette dette, il convient de la lui remémorer.

Pour certains militaires, seule l'armée incarne les vertus auxquelles le monde civil a renoncé depuis longtemps. Ce dernier est devenu permissif, laxiste, profiteur, égoïste. Bref, la société ne vaut pas son armée. Ce type de sentiment agit comme un acide sur le lien armée-nation. Il contribue à isoler, plus sûrement encore que le ferait la propagande antimilitariste, l