Gilbert Thiel, 51 ans, qui a intégré le «pool» des juges antiterroristes voilà quatre ans, ne partage ni les idées droitières de la clique attachée à Bruguière, ni les pratiques policières de Roger Marion. Au bout de treize ans d'instruction à Nancy, à traquer les fausses factures des notables locaux et à élucider les meurtres à la tronçonneuse de mamie Weber, le grand escogriffe barbu a commencé par se coller au monstrueux dossier Chalabi (le réseau islamiste), laissé en plan par «l'Amiral». De permanence un soir de décembre 1996, Thiel n'a pas été averti par ses pairs de l'attentat au RER Port-Royal, et a dû pousser un coup de gueule en haut lieu pour être cossaisi. En revanche, Thiel a récupéré des dossiers corses qui ne passionnaient guère ses collègues de la galerie Saint-Eloi: l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella, par exemple. Bruguière, Marion et consorts s'en sont mordu les doigts, cinq mois plus tard, quand un pistolet Beretta volé à Pietrosella a été découvert à côté du corps du préfet Erignac. Thiel qui connaît bien la veuve (le préfet a exercé à Nancy) n'a pas lâché le morceau sur son bout d'enquête, jusqu'au jour où ses gendarmes l'ont court-circuité en donnant sans prévenir un rapport à leur haute hiérarchie à Paris. Thiel a été obligé de dessaisir les pandores, et de s'en remettre aux flics. Sous les ricanements de Bruguière et Marion qui, en panne sèche sur l'assassinat du préfet Erignac, ont essayé de lui régler son compte. Le prétexte a été la fuite d
Portrait
Les trois juges antiterroristes. Gilbert Thiel. Le mal-aimé de la bande.
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publié le 15 juillet 1999 à 23h54
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