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Libération
Portrait

Les trois juges antiterroristes. Jean-Louis Bruguière. L'amiral resté en rade.

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publié le 15 juillet 1999 à 23h54

A 56 ans, Jean-Louis Bruguière, qui a abordé la Corse à la remorque du policier Roger Marion, est très vexé de ne plus tenir la vedette. En congé le week-end de Pentecôte, le juge d'instruction a brillé par son absence le temps des gardes à vue et a donc raté le dénouement de l'assassinat du préfet Erignac. Certes, le premier vice-président du tribunal de Paris qui s'est piqué de géopolitique et de diplomatie, préfère de loin se montrer sur la scène internationale: influer sur l'ONU contre la Lybie au sujet de l'attentat du DC10 d'UTA, parler de l'Iran avec le Quai d'Orsay, comploter avec les services secrets pour récupérer Carlos ou peser sur les relations franco-algériennes pour coincer les poseurs de bombes islamistes. L'île de Beauté est un domaine bien trop étriqué pour «l'Amiral», ainsi baptisé lors d'un voyage pour Tripoli à bord d'un aviso de l'armée. Pour une fois partageur, Jean-Louis Bruguière laisse depuis dix ans sa collègue Laurence Le Vert se coltiner les retombées nationales des séparatismes basques et corses. Sauf bien sûr si on attaque à l'explosif la mairie de Bordeaux du Premier ministre (Alain Juppé) ou si on tire sur le représentant de l'Etat à Ajaccio. Quand les «cibles» prennent de la hauteur, le chef rapplique avec sa pipe, ses gardes du corps et ses cameramen. Doublé cette fois par Marion qui a décroché les aveux inespérés du commando, Bruguière n'a pas pu sabler le champagne avec le ministre de l'Intérieur place Beauvau, n'a pas été félicité par le