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Libération
Portrait

Les trois juges antiterroristes. Laurence Le Vert. La bûcheuse politique.

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publié le 15 juillet 1999 à 23h54

Parquettière à la 14e section antiterroriste dès sa création en 1986, écartée par le garde des Sceaux Pierre Arpaillange en 1989, Laurence Le Vert, militante de l'Association professionnelle des magistrats (APM, droite dure), s'est rabattue sur l'instruction. Son ardeur à réprimer les activistes basques lui a valu en 1993 la décoration de la croix d'honneur du gouvernement espagnol et une attaque sur sa «flexibilité politique» par Gilles Perrault (1). C'est Laurence Le Vert qui, inconditionnelle de «Roger» Marion, l'a introduit au cabinet du RPR Charles Pasqua, via ses conseillers juridiques et diplomatiques. Bûcheuse hors pair qui ne dîne jamais en ville, la juge autoritaire aux yeux verts peaufine ses procédures mais tire aussi les ficelles, dans l'ombre de son cabinet. Le tandem Marion-Le Vert a, selon ses détracteurs, «mis autant de dextérité procédurale à monter le dossier Erignac qu'à démonter le dossier de Spérone»: une tentative d'attentat en mars 1994 contre un complexe touristique au sud de l'île. Quatorze membres du commando qui ont ouvert le feu sur les flics et ont été arrêtés avec soixante bouteilles de gaz, cinquante kilos d'explosifs, dix fusils d'assaut et dix armes de poing, ont été libérés contre toute attente par la juge réputée à la poigne de fer (pour les Basques), en moins d'un an. Le FLNC Canal historique, alors en pleine négociation avec les sbires de Pasqua, avait annoncé une trêve en échange d'un geste en faveur des prisonniers de Spérone «d'ici à