Oradour-sur-Glane, envoyée spéciale.
De Gaulle en 1945, Mitterrand en 1994 étaient venus en pèlerins, un 10 juin. Vendredi, pour la première fois, un président de la République française ne s'est pas rendu à Oradour à la date anniversaire du massacre des 642 villageois par la division SS Das Reich en 1944. Jacques Chirac est venu inaugurer le Centre de la mémoire quatre ans jour pour jour après son discours historique du Vél d'Hiv', où il avait reconnu la responsabilité de la France dans la déportation des juifs. Catherine Trautmann, ministre de la Culture, et son successeur à la mairie de Strasbourg, Roland Ries (PS), l'accompagnaient, pour tenter de réconcilier l'Alsace et le Limousin. Après le procès de Bordeaux en 1953, les «malgré-nous» alsaciens qui avaient participé au massacre avaient été amnistiés, ce qui avait suscité l'indignation en Limousin.
Arrivé dans un épais brouillard, le Président a effectué la traditionnelle visite des ruines du village, entièrement brûlé en juin 1944 par les Waffen SS, en s'attardant dans l'église où 445 femmes et enfants périrent. Catherine Trautmann et le maire RPR d'Oradour, Raymond Frugier, se sont tendu la main. «Je trouve ça bien qu'elle soit là. Elle représente l'Alsace. Il y a des mots qu'on hésite à prononcer, mais on peut appeler ça un pardon.» La ministre lui a répondu: «J'emploie plutôt le mot de réparation, même si ces crimes ne sont pas réparables. Il en va de la responsabilité de notre génération, c'est d'avoir cette lucidit