«Le temps du Maroc», série de manifestations ambitieuses destinées à faire connaître «le Maroc tel qu'il est et tel que les Marocains le vivent et le disent», est à mi-parcours. Mais le point d'apothéose en a déjà été atteint avec l'accueil en grande pompe du roi du Maroc, invité d'honneur de l'Etat français le 14 juillet.
Aujourd'hui, nous dit-on, la situation a fondamentalement changé, et il faut savoir saluer l'évolution libérale de la monarchie. Un gouvernement d'alternance, dirigé par un socialiste au passé irréprochable, est en fonction. Un parlement pluraliste a été élu. Des réformes sont engagées. Et, surtout, les principaux dossiers des droits de l'homme seraient résolus. Au Maroc même, nombreux sont ceux qui ont un diagnostic encore plus catégorique: «La page est tournée.»
Plusieurs arguments militent en faveur d'une telle vision. Le Maroc a élargi depuis le début des années 90 des centaines de prisonniers d'opinion et libéré ainsi près de 400 «disparus», dont certains sont restés dans des centres secrets de détention durant dix-huit ans. Une «grâce amnistiante» a permis à des centaines d'exilés de revoir leur pays. Il a été procédé à la signature de plusieurs instruments internationaux de protection des droits de l'homme, par exemple la Convention contre la torture ou la Convention relative aux droits de l'enfant. Une presse pluraliste et dynamique s'enrichit pratiquement tous les mois de nouveaux titres, et des centaines d'associations agissent dans les domaines le