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Les corps se dévoilent

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Sages ou provocatrices, coincées ou libérées, défilé des tenues et attitudes.
publié le 21 juillet 1999 à 23h59

«Pour se mettre seins nus, il faut un beau sein, mais normal, pas trop beau. Un sein d'adolescente ou de pub pour savon ou pour yaourt, sur lequel le regard peut glisser. La propriétaire d'un beau sein normal a le droit d'être debout. Ensuite, par ordre de beauté décroissante, elle pourra être assise, couchée sur le dos, sur le ventre, avec son haut de maillot, avec un une-pièce, toute habillée.» (1) Sur la plage, on ne porte rien, ou pas grand-chose. Mais surtout pas n'importe quoi. Quand il s'agit d'une affaire aussi importante que le maillot, le bronzage ou le degré de nudité, la pression sociale est d'autant plus forte qu'elle est implicite. D'abord, il y a les tendances lourdes: le pantalon rouge délavé comme les pêcheurs, les docksides de plaisancier, le thème poissons et coquillages. Et bien sûr la rayure, dont le sociologue Jean-Didier Urbain nous explique qu'elle n'est pas une imitation du costume de marin, mais un compromis entre deux discours: le moral (cacher le corps) et l'hygiéniste (l'exposer au soleil). Résultat: une rayure blanche pour l'hygiène et une sombre pour la morale.

Ensuite, il y a les variations saisonnières et locales. A Deauville, on s'habille «comme les Français croient que s'habillent les Anglais pour la vente des yearlings»(2), sur le marché de la très bourgeoise plage de Dinard, on s'enorgueillit d'avoir un stand entier rien que pour les robes à smocks, alors que les bazars de Port-la-Nouvelle font plutôt dans la brassière en Lycra irisé et la