Pendant douze heures le livret A a tremblé! Le taux d'intérêt servi sur le placement chéri des Français sera finalement réduit d'un modeste 0,75 point et passera, le 1er août, à 2,25%. Mais il a failli tomber bien plus bas. Pas moins de quatre ministres ont planché hier devant la presse pour présenter le mieux possible cette «bonne nouvelle»: Dominique Strauss-Kahn (Economie), Jean-Claude Gayssot (Transport et Equipement), Louis Besson (Logement) et Marylise Lebranchu (PME, commerce, artisanat). Mardi soir, le comité consultatif des taux réglementés, cénacle de spécialistes de l'épargne, du logement et du crédit, avait recommandé au gouvernement de réduire drastiquement la rémunération du placement à un petit 1,75%. Au motif qu'avec une inflation quasi éteinte (environ 0,3% l'an actuellement), on pouvait baisser le taux servi sur l'épargne réglementée (qui comporte, outre le livret A, le livret Bleu du Crédit mutuel, le Livret d'épargne populaire, le Codevi et les plans et comptes épargne-logement).
De plus, le livret A était, depuis plusieurs mois, bien au-dessus du corridor que le gouvernement avait lui-même fixé: entre 1 point de plus que l'inflation et 0,5 point de moins que les taux de marché à court terme. Mais toucher à l'épargne populaire est plus facile à recommander qu'à assumer. Il y a en France 46 millions de titulaires de livret A. Ceux-ci représentent 5% de l'épargne financière des ménages. Au mois de mars, lorsque la question avait été posée une première fois,