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Sur le sable, abandonnés, ne pas quitter sa rabane.

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Le loisir préféré des Français au bord de mer: ne rien faire du tout.
publié le 23 juillet 1999 à 0h01

«Nu, indolent, s'étendant fatalement, foetalement, et se laissant envahir par l'élémentaire, le primordial, le primaire, les trois couleurs à la base du tout, le jaune chrome du sable, le rouge vermillon du soleil couchant, le bleu outremer des flots, qui à elles trois cautérisent (côterisent?) les plaies de onze mois d'urbanité hystérique.» (1) Brasse des pionniers. Il y a le bain du matin quand on est seul sur la plage et que le monde vous appartient, le bain de midi sous le cagnard, et le bain du soir quand la lumière est dorée et que la peau a pris trop de sel et trop de soleil. En général, on aime la plage parce qu'on peut s'y baigner et nager. Aujourd'hui, en tout cas. Il y a deux siècles, on y allait essentiellement pour avaler un ou deux verres d'eau de mer, exactement comme on prenait les eaux à Vichy ou à La Bourboule. Les Occidentaux mettront bien cent ans avant de comprendre que la mer peut aussi servir à nager. Les pionniers pratiquent une espèce de brasse non homologuée et les dames se contentent de faire le «petit chien», de toute façon elles ne s'éloignent pas beaucoup du bord. Il faudra qu'un Australien voyage jusqu'à Samoa pour que le crawl, la plus noble (et la plus efficace) des nages, soit «découvert» à la fin du XIXe siècle.

Aujourd'hui, «nager fait partie des aptitudes de base, comme lire, écrire ou conduire», remarque le sociologue André Rauch. Cela veut-il dire qu'on nage beaucoup à la plage? On passe du temps dans l'eau, c'est sûr. Mais, pour tous ce