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Clichés de vacances ordinaires

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Sable blanc, mer turquoise et ciel bleu... le rituel de la photo de vacances.
publié le 24 juillet 1999 à 0h02

C'est l'un des rituels des vacances. On est ensemble, on se dit que l'on est heureux et qu'il faut fixer ce moment pour l'éternité: les motivations du photographe sur la plage sont toujours un peu les mêmes. Sauf quand c'est un professionnel qui est derrière l'appareil. «J'espère que ces photos montrent à quel point j'estime que personne n'est à l'abri du ridicule. Personne, insiste le photographe américain Elliott Erwitt (1). Lorsque je vais à la plage sans mon appareil et que se présente une photo intéressante, cela me met de très mauvaise humeur. Quand je l'emporte, je dois l'utiliser avec modération, sinon mes petites amies ou mes enfants sont furieux, car je ne suis pas vraiment avec eux au bord de la mer: j'y suis seul, avec mon appareil.»

Ce n'est généralement pas le cas du photographe amateur. Lui aurait plutôt tendance à diriger son objectif vers ses petites amies et ses enfants. En fait, il prend toujours les mêmes sujets, puisque c'est un rituel. Enfants à plat ventre sur le sable ou construisant un château, couples enlacés dans les vagues, jeune fille aux cheveux dans le vent ou tribu entassée sur une barque. Le tout par temps radieux ou par grand vent: l'important est que la nature soit présente de manière théâtrale, pour sublimer ces scènes de vacances ordinaires.

Comme l'explique le sociologue André Rauch (2), les photos un peu cérémonieuses d'autrefois (toute la famille sur son trente-et-un pour le baptême du dernier-né) ne nous intéressent plus. «Nous voulons