Mer d'huile, ciel bleu. Le bimoteur Hawkeye vire sur l'aile, s'aligne et vient accrocher à 170 km/h le deuxième brin d'arrêt de la piste du Charles-de-Gaulle. En soixante mètres, les vingt tonnes de l'avion-radar s'arrêtent. De la «passerelle-avia», Jacques Chirac assiste au spectacle, ravi de sa visite sur le porte-avions nucléaire, samedi à trente milles nautiques au sud de Groix (Morbihan).
Controverse. La piste sur laquelle le Hawkeye s'est posé est pourtant au centre d'une controverse qui gâte la période de rodage du vaisseau amiral de la Marine nationale. Selon les premiers essais, l'avion de guet aérien pourrait, dans des conditions extrêmes, terminer sa course un peu trop près du vide. «Nous ne voulons prendre aucun risque», assure un officier de marine. Même si la décision n'est pas encore officielle, le pont oblique du Charles-de-Gaulle va être rallongé de 4,4 mètres (Libération du 27 août). Coût de l'opération, selon la Délégation générale pour l'armement: 6 millions de francs. Ce qui met le centimètre de pont à près de 14 000 F.
Si le ministre de la Défense, Alain Richard, a jugé cette affaire «folklorique», le président de la République a estimé, devant l'équipage, que «les difficultés rencontrées dans la mise au point de ce superbe bâtiment n'avaient absolument rien d'exceptionnel». Et il a promis que «tout serait mis en oeuvre pour qu'il n'y ait, à l'avenir, ni surcoût ni retard».
Ce sera bien une première dans l'histoire de ce porte-avions dont