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Libération
Interview

Trois responsables socialistes commentent le virage politique de Jospin. Marie-Noëlle Lienemann, Gauche socialiste. «Lionel Jospin rectifie le tir».

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par Caroline DUSAINT
publié le 31 août 1999 à 0h09

Marie-Noëlle Lienemann est maire d'Athis-Mons, dans l'Essonne.

Jospin découvre les classes moyennes?

Il me semble que c'est plutôt l'inverse. Avec son discours, Lionel Jospin a voulu remettre les choses à leur place. Il a voulu montrer qu'il existe une autre réalité à côté du discours tenu par Dominique Strauss-Kahn qui ne parle que de baisse des impôts et qui est obsédé par les classes moyennes. Lionel Jospin a ainsi évoqué le fait que la France restait structurée en classes. Il a surtout rappelé l'existence des classes populaires et des exclus, en montrant qu'il faut faire un front large entre ces catégories, classes moyennes comprises. En parlant du chômage, de préoccupations communes, comme la précarité, le Premier ministre a voulu montrer qu'il faut trouver ce qui fédère tout le monde, et je trouve ça assez juste. Mais parler des classes moyennes n'a rien de nouveau. La droite de la gauche s'en est, par exemple, toujours préoccupée.

Est-ce une manière de coller au tandem Blair-Schröder pour récupérer l'étiquette moderne?

C'est plutôt un moyen de leur répondre, à eux et à tous ceux qui sont tentés d'imiter leur politique. Jospin a voulu dire à Blair et Schröder qu'il ne faut pas s'intéresser qu'aux classes moyennes, qu'il faut regarder ailleurs, vers le monde ouvrier. Sur ce terrain des classes moyennes, y a-t-il concurrence entre Jospin et Fabius?

Laurent Fabius veut faire du Blair à la française. Lionel Jospin, lui, entend rééquilibrer ce discours qui est véritablement la