A peine ouvert le débat sur la seconde loi de réduction du temps de
travail (lire ci-dessous), la ministre de l'Emploi et de la Solidarité devra attaquer l'autre front de la protection sociale. Autant les 35 heures promettent d'intéressants affrontements (Libération d'hier), autant la réforme de la Sécurité sociale l'entraîne sur un terrain où elle est moins à l'aise. Par goût et par expérience, elle préfère les questions de travail et d'emploi à celles d'assurance maladie, où trop de paramètres lui échappent.
Entre les collectivités locales et les élus qui gèrent les hôpitaux, les partenaires sociaux qui administrent les caisses d'assurance maladie, les médecins libéraux qui défendent leur liberté de prescription et leurs revenus, l'industrie pharmaceutique qui veut préserver ses profits, la maîtrise des dépenses de santé est un exercice acrobatique. Aussi la façon dont le ministère de l'Economie et des Finances distille ses mises en garde agace-t-elle rue de Grenelle. «A Bercy, confie un proche collaborateur de Martine Aubry, ils feignent de ne pas comprendre que nous, on ne peut pas cesser de soigner les gens parce que l'objectif des dépenses d'assurance maladie a été dépassé.» Et d'ajouter qu'il est plus facile de laisser la croissance réduire de 20 milliards de francs un déficit budgétaire de 230 milliards, que de limiter à 5 milliards les pertes du régime général (maladie, vieillesse et famille) dont le budget est équivalent à celui de l'Etat, soit 1 600 milliards de fra