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Libération

Un penseur socialiste nommé Jospin.Objectif du Premier ministre: moderniser les valeurs traditionnelles pour prendre l'ascendant sur Blair et Cohn-Bendit.

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publié le 3 septembre 1999 à 0h37

Qu'on se le dise, Lionel Jospin n'est pas seulement candidat à la

prochaine élection présidentielle. Il ambitionne aussi ­ et modestement ­ de redonner au socialisme français les bases théoriques qui, depuis une vingtaine d'années, lui font défaut. Au printemps dernier, dans un long entretien à la Revue socialiste, il formulait cet objectif en exprimant son désir de «rechercher une cohérence nouvelle». Cette quête de sens parcourt en filigrane la plupart de ses grandes interventions politiques depuis deux ans. En cette rentrée, elle connaît même une spectaculaire montée en puissance. Fruit d'une longue maturation estivale, le discours prononcé à La Rochelle dimanche en témoigne. Plus frappant encore: deux mois à l'avance, le discours qu'il prononcera début novembre à Paris, lors du congrès de l'Internationale socialiste (IS), est déjà présenté à Matignon comme un moment décisif. Comme l'occasion d'affirmer l'identité du socialisme «moderne» version Jospin face à ses rivaux britannique et allemand.

Dans cette perspective, le discours de La Rochelle a permis de tester plusieurs concepts nouveaux: plein emploi, «nouvelle alliance» entre les classes populaires et la classe moyenne, affirmation qu'il n'y a plus de questions taboues à gauche (par exemple l'impôt sur le revenu), théorisation de la gauche plurielle comme une machinerie subtile permettant d'appréhender le «surcroît de complexité» du monde «moderne». Le mot «moderne» et ses dérivés «modernité» ou «modernisation» y sont