Ajaccio, envoyé spécial.
C'est son jour de gloire, à «Doumè». Le Premier ministre a décidé de passer ce matin à Sartène, «la plus corse des villes corses», et c'est pour son maire communiste, Dominique Bucchini, un hommage certain. La visite ne doit pas durer plus d'un quart d'heure, discours et promenade dans la vieille ville inclus, mais c'est le seul détour du Premier ministre entre Ajaccio et Bastia.
Bucchini affecte la plus parfaite décontraction. Il a déjà accueilli deux présidents de la République, Valéry Giscard d'Estaing, qu'il a un peu secoué en public en 1978, puis François Mitterrand, qui a mieux passé l'épreuve. C'est que Bucchini est un cas en Corse, et sur le continent, un symbole, qu'il entretient non sans talent.
«Crapule stalinienne.» Maire depuis 1977 des 4 000 habitants de Sartène, conseiller général, territorial, et, un temps, député européen, il a pour les politiques du continent un double mérite. Celui d'abord d'être un communiste assez peu aligné en Corse-du-Sud, c'est-à-dire loin des soupçons de fraudes électorales qui planent sur Bastia, où ses collègues de Haute-Corse cogèrent la mairie avec les radicaux.
Celui ensuite d'avoir toujours été en pointe du combat contre les nationalistes, souvent sans nuances, mais toujours avec courage. Ce qui a valu à Bucchini d'être distingué par le Canal historique comme «crapule stalinienne», et à Sartène d'être une des villes les plus plastiquées de l'île. La propre maison du maire a d'ailleurs sauté en juin 1996, et