Lionel Jospin estime qu'on ne peut plus «administrer désormais
l'économie». «Ce n'est pas par la loi, les textes, qu'on régule l'économie», a dit le Premier ministre. Lui décernez-vous un brevet de bon libéral pour son propos?
C'est un début de lucidité qui doit être applaudi. Mais je ne réussis pas à m'émerveiller de cette conversion tardive. Apprendre à lire, c'est mieux que de rester analphabète toute sa vie. Mais ce n'est pas parce que Jospin apprend à lire à 60 ans qu'on doit crier au miracle. Cela dit, la mondialisation agit sur lui, il faut le reconnaître. Elle lui sert de soutien scolaire, c'est évident. Mais les socialistes sont encore très en retard. Dans les années 70, ils voulaient rompre avec le capitalisme, dans les années 80, ils nationalisaient, dans les années 90, ils défendaient l'économie mixte. Aujourd'hui, ils découvrent les lois du marché. A ce rythme-là, ils décrocheront leur bac en 2050.
Jospin, en réalité, est dans un piège. Son logiciel personnel est plus moderne que celui de beaucoup de ses partenaires de la gauche plurielle. Mais s'il continue sa modernisation, il risque de faire exploser sa majorité. Il est donc contraint à une certaine forme d'immobilisme. Bon gré mal gré, il accompagne la mondialisation, mais il la subit plus qu'autre chose et n'en a pas la pleine compréhension. Bref, il fait ce qu'il peut avec la majorité qu'il a. Mais il peut peu. Le libéralisme, ce n'est pas, comme beaucoup le croient, le synonyme de la mondialisation. C'est