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Libération

La «faute» de Jospin réveille la gauche. En avouant son impuissance face aux licenciements, le Premier ministre braque PCF, MDC et Gauche socialiste.

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publié le 17 septembre 1999 à 0h44

Dérapage, lapsus ou reniement, l'aveu de l'impuissance publique en

matière économique, concédé lundi par Lionel Jospin, prend la gauche à rebrousse-poil. «Il ne faut pas tout attendre de l'Etat», a expliqué le Premier ministre sur France 2 à propos de l'annonce de 7 500 licenciements par Michelin, ajoutant: «Je ne crois pas qu'on puisse administrer désormais l'économie. Ce n'est pas par la loi, les textes, qu'on régule l'économie.» Et Jospin de conclure d'un acte de foi: «Tout le monde admet le marché.»

En baissant les bras, le chef du gouvernement désespère toute une frange de la majorité plurielle, y compris au sein du PS. Une intervention «pathétique», a tranché l'ancien ministre socialiste Louis Mermaz, lors du dernier bureau national du PS. Une charge volontiers reprise par le chef de file de la Gauche socialiste, Jean-Luc Mélenchon: «J'ai toujours pris Lionel Jospin au sérieux dans la définition conceptuelle. C'est pourquoi une phrase comme celle-là me consterne. La séparation du politique et de l'économique ne correspond pas à la pensée socialiste. Je ne peux pas dire autre chose: c'est un revirement!»

«Tout essayer.» Les propos de Lionel Jospin hérissent d'autant plus qu'ils semblent faire écho à une déclaration de François Mitterrand que le Premier ministre avait proscrite au nom du «droit d'inventaire»: «Contre le chômage, nous avons tout essayé», avait professé l'ancien président il y a quelques années. Même l'éternel mitterrandiste Jack Lang se faisait volontariste