Pomacle, envoyée spéciale.
La gadoue, la gadoue" suite. Lionel Jospin était, vendredi, l'invité des festivités agricoles de Pomacle, à côté de Reims, pour lancer la finale mondiale de labour. Soit cinquante tracteurs, sous cinquante drapeaux, qui concourent pour le plus beau, le plus droit des sillons. Au chef de l'Etat passé la veille, on avait réservé le ruban du monument qui laissera trace de l'événement. Au Premier ministre, le coup de pistolet du départ. Lionel Jospin était donc dans les pas de Jacques Chirac.
Sauf que le Premier ministre avait chaussé des bottes bien plus larges que les souliers cirés du Président. Car le ciel n'est pas resté neutre. A Chirac le soleil, à Jospin la pluie. Le préfet est tout crotté, et la presse, bardée d'arrière-pensées, de demander au Premier ministre: «La météo? Vous n'y voyez pas un mauvais présage?» La réponse a l'air prête, comme pliée dans sa poche: «Il faut le soleil et la pluie pour faire une bonne moisson.» Registre agricole, comme il se doit en ce jour.
Deuxième tour. Lionel Jospin visite. Le pôle animal avec ses affiches, «les bienfaits du gras», «l'atout veau», ses brochures, les Aventures de Titi le rôti, ses bisons, ses oeufs d'autruche, ses charolaises, ses limousines et son petit veau qui a eu la bonne idée de sortir du ventre de sa maman, Manie, dans la nuit et qui a encore un bout de cordon ombilical qui pendouille sous le ventre. Le Premier ministre bavarde avec les agriculteurs, leur explique la fiscalité écologique,