Quand, le 20 mai, Martine Aubry avait présenté son premier bilan des
35 heures, onze mois après le vote de sa première loi, il y avait de la méthode Coué et de la mise en scène dans l'air. Le ban et l'arrière-ban des journaux, radio, et télévisions avaient été invités à l'accompagner pour une visite de l'entreprise de saxophones Selmer, qui avait signé un accord de réduction du temps de travail jugé digne de la qualité légendaire de ses instruments. Mais le bilan chiffré qu'avait présenté la ministre de l'Emploi et de la Solidarité n'était pas aussi convaincant qu'elle voulait bien le dire. Une fois décomptés les emplois créés au titre de la loi Robien (25 000), ceux qui l'avaient été dans les entreprises publiques (13 000) et ceux qui avaient été «maintenus» dans les entreprises qui envisageaient de licencier (12 000), il ne restait plus que 30 000 «vraies» promesses d'embauche pour 4 000 accords signés.
Quatre mois plus tard, Martine Aubry jubile. Son second bilan, à quinze jours de l'ouverture des débats sur la loi qui doit généraliser le passage à 35 heures dans les entreprises françaises, est cette fois incontestable. «Nous en sommes à 15 558 accords signés pour 2 200 000 personnes, soit 27% des salariés dans les entreprises de plus de 20 personnes. Qui aurait pu penser que six mois avant la loi qui les rendra obligatoires, plus du quart de l'effectif concerné serait déjà passé à 35 heures par la négociation?» s'est-elle félicitée hier. Si «l'effet emploi était attendu