«C'est historique. Pour la première fois, Laurent Fabius n'a pas
fait ce qu'il veut à l'Assemblée nationale», se félicitait hier un député jospiniste. Quelques minutes plus tôt, le favori de ce parlementaire, le rocardien Serge Janquin (Pas-de-Calais), venait d'être élu par le groupe PS nouveau questeur de l'Assemblée nationale en remplacement de Bernard Derosier (Nord), démissionnaire (Libération d'hier). Le nouvel élu l'a emporté par 123 voix contre 79 au fabiusien Laurent Cathala (Val-de-Marne). Si ce vote reflète assez bien la physionomie politique du groupe PS, il indique que le courant Fabius n'est plus le seul à savoir se structurer. Désormais, les jospino-rocardiens ont bien l'intention de s'organiser, à leur tour, «comme ceux d'en face». Depuis quinze jours, une poignée d'entre eux ont téléphoné aux députés susceptibles de voter Janquin, non sans en avoir prévenu Daniel Vaillant et Jean-Marc Ayrault.
Donné favori, Laurent Cathala avait bénéficié de l'appui des réseaux du président de l'Assemblée nationale. Mais à travers ce scrutin anodin, rocardiens et jospiniens avaient décidé d'envoyer un message politique à Laurent Fabius pour lui signifier que l'Assemblée n'était plus sa chasse gardée. Selon des députés présents, Laurent Cathala a par ailleurs expliqué hier que la questure revenait traditionnellement à un «député expérimenté», et déclaré de but en blanc: «Je m'appelle Laurent Cathala, mais ce n'est pas parce que je porte ce prénom que je ne suis pas moi-même.»
Dan