Menu
Libération

La «régulation», nouveau mot jospinien. Le terme utilisé à Strasbourg n'est pas antilibéral.

Article réservé aux abonnés
publié le 29 septembre 1999 à 0h54

En prononçant plus de 20 fois «régulation» ou «réguler», Lionel

Jospin a au moins donné un mot à sa «deuxième étape». Il n'est pas trop désagréable à l'oreille, quoique un peu vieilli. Moins redoutable en tout cas que «réglementation». La gauche moderne ne réglemente pas, n'administre pas: elle régule. Elle ajuste les curseurs, la pression, le voltage de la machine capitaliste pour que celle-ci fonctionne sans sauvagerie.

Lorsque la droite dénonce le retour de Lionel Jospin au socialisme d'Etat, elle fait un contresens total. Dans le vocabulaire économique, le mot régulation est un anglicisme (régulation/dérégulation: réglementation/déréglementation) qui ne fait pas forcément horreur aux libéraux: les règles sont aussi faites pour protéger les libertés (et aussi le marché).

Ecole française. Les défenseurs de l'enracinement à gauche du Premier ministre rappellent qu'il existe aussi une «école de la régulation» française, née aux confins de la pensée marxiste et keynésienne, à une époque justement où Jospin était professeur d'économie à l'IUT de Paris-Sceaux dans les années 70 (1). Mais, comme le constate Robert Boyer, principal chef de file de cette école de pensée, «les propositions de Lionel Jospin vont dans le bon sens, mais elles ne sont visiblement pas inspirées par l'école de la régulation. S'il avait proposé un nouveau pacte fondateur, un nouveau compromis entre les citoyens, l'Etat et les entreprises, alors là, oui, l'inspiration aurait été plus claire».

La régulation, c