Crête de coq et blazer bleu. Poignée de main broyeuse. Le géant a un côté popote de notable de province. Pas Rotary-Club, plutôt bière-foot. Le bon indice d'octane du chiraquien de base. Modèle catho des terrils et de l'endive, passé par le moule des «jèses» et du consensus qui sied à la présidence de l'Association des maires de France, premier lobby politique de France qui regroupe 34 000 des 36 000 communes de l'Hexagone. «Je n'étais pas du tout préparé à faire de la politique», assure Jean-Paul Delevoye, sénateur maire de Bapaume, qui brigue la présidence du RPR avec l'aval de l'Elysée. «Mais j'ai appris vite.» A bonne école. «C'est un RPR élevé par les socialistes du Nord-Pas-de-Calais», constate Bernard Poignant, maire PS de Quimper, vice-président de l'AMF. «Vous devriez être à la tête du RPR», lui a lancé en novembre 1997 Martine Aubry après l'avoir écouté disserter sur la nécessité de rétablir le lien social. Il n'a toujours pas oublié. Il n'oublie d'ailleurs jamais rien. Bapaume n'est pas loin d'Arras, fief de la SFIO et de Guy Mollet, adepte du lorgnage à gauche mais du décrochage à droite. Jean-Paul Delevoye perpétue cette hérédité régionale en l'inversant.
Gaulliste par son père, négociant en grain et aliment de bétail, il joue sur la fibre sociale pour s'ancrer à gauche ou se démarquer du libéralisme de Nicolas Sarkozy afin de s'emparer du RPR. Mélange d'opportunisme et d'innocence, il précise, comme s'il voulait prouver sa difficulté à se positionner sur l'échiq