L'occasion était trop belle. Arlette Laguiller et Alain Krivine ont
sauté dessus sans hésitation. Le jour même où le secrétaire national du PCF, Robert Hue, lançait son appel à manifester lors de la fête de l'Humanité, les deux formations d'extrême gauche répondaient «présent» sans barguigner. «L'appel de Hue offrait l'occasion de montrer que non seulement il existe une gauche qui veut une autre politique», affirme Alain Krivine «mais en plus cela officialisait l'idée que l'on peut contester la politique gouvernementale dans la rue.» Une opération tous bénefs pour ces deux petites formations, trop heureuses de se mettre dans la roue du «grand parti de la classe ouvrière». Avec l'espoir que le mot d'ordre du PCF pouvait relancer la dynamique d'un mouvement social quelque peu atone. Surtout, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), qui n'a jamais vraiment abandonné l'espoir de récupérer des pans entiers du PCF, espérait que sa participation lui permettrait de démontrer qu'elle seule incarne véritablement le pôle radical de la gauche face à une formation en proie à ses contradictions. LO met la main à la pâte. Du coup, les deux partis ont-ils joué le jeu avec l'espoir de rafler la mise. Pour la première fois, Lutte ouvrière a laissé tomber ses préventions habituelles contre le dialogue avec une autre formation politique pour s'engager dans des discussions préparatoires avec les responsables de la place du Colonel-Fabien. Une première qui a surpris jusqu'aux responsables de l