«Elle a refusé également de regarder les documents contenus en annexe que nous lui présentions: ses relevés bancaires, ses bulletins de salaire et le rapport de la Chambre régionale des comptes. Lors de sa seconde venue, elle n'a apporté que des silences. Elle ne connaît aucun des autres collaborateurs dont l'emploi fait l'objet de la présente enquête.» Cette femme muette, qui pousse, ce 26 février 1999, les policiers à ce bref accent poétique, s'appelle Xavière Tiberi. Le paradoxe du procès qui s'ouvre aujourd'hui, à 13 h 30, devant la 61e chambre du tribunal de grande instance d'Evry, est condensé dans ces lignes.
D'un côté, une Xavière silencieuse, arc-boutée sur le droit en l'occurrence, la décision de la cour d'appel de Paris qui, le 4 juillet 1997, a mis en pièces l'instruction du juge Halphen sur le rapport de la francophonie. De l'autre, la phrase des policiers («Elle ne connaît aucun des autres collaborateurs dont l'emploi fait l'objet de la présente enquête.»), indiquant l'établissement des faits. Moins elliptiques, les enquêteurs assènent encore: «Employée comme collaborateur du 1er mars au 31 décembre 1994, Madame Xavière Casanova épouse Tiberi ne s'est jamais rendue dans les locaux du conseil général de l'Essonne.»
Neuf fantômes. Il en est ainsi, tout simplement: pendant dix ans, Xavier Dugoin, alors président du conseil général de l'Essonne, a organisé un vaste système d'emplois fictifs dans son cabinet. Entre 1988 et 1998, il a employé 42 coll