Il n'y avait pas grand-monde, hier, au Sénat, pour écouter Elisabeth
Guigou. La ministre de la Justice y présentait son projet de loi définissant les liens nouveaux entre les procureurs et le pouvoir politique. Comme on le sait, l'assiduité n'a rien à voir avec la détermination, et hier la droite sénatoriale avait l'air bien décidée à s'opposer à la réforme consacrant une plus grande autonomie des procureurs.
«Texte de rupture». «C'est un texte de rupture avec le système et les pratiques antérieures», a déclaré la garde des Sceaux, en préambule. Il s'agit, selon elle, de «mettre fin aux interventions destinées à manipuler le cours de la justice, et aussi assurer que la loi soit appliquée de façon équivalente sur tout le territoire national». La ministre s'est livrée à une attaque en règle de «l'ancien système, qui a nourri le soupçon de partialité». Elle a moqué les circulaires de politique pénale du ministère, «volumineuses, lourdes, confuses et consciencieusement archivées dans les parquets, très partiellement appliquées sans réel contrôle». Et aussi «les instructions individuelles qui ne servaient pas l'intérêt général, le plus souvent utilisées pour aider ou nuire selon les circonstances».
En filigrane, se dessinait la plus célèbre des interventions d'un ministre de la Justice, celle de Jacques Toubon, dépêchant dans l'Himalaya un hélicoptère pour y rechercher le procureur d'Evry afin qu'il empêche l'ouverture d'une information sur Xavière Tiberi. «Ces interventions ["] ont