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Libération

«Il faut créer un tribunal international du commerce».José Bové, leader de la Confédération paysanne, rencontre des cinéastes.

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publié le 25 octobre 1999 à 1h19

L'Hospitalet-du-Larzac, envoyé spécial

«Nous, les cinéastes, pourrions aller démonter des McDo pendant que les agriculteurs démonteraient des salles multiplex.» Quand il pose sa barbichette à côté des moustaches de José Bové, le réalisateur de Marius et Jeannette, Roger Guédiguian, ne manque pas d'imagination. Les deux hommes se sourient par-dessus leur tartine de pâté. Apparemment, la Société des réalisateurs français et la Confédération paysanne étaient faites pour s'entendre. Le vent du Larzac a réchauffé vendredi les vieux coeurs militants. A un mois du prochain round de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, les «rebelles à un monde McDonaldisé» y ont partagé un pique-nique dans la même bergerie.

«Enjeu de civilisation.» «José Bové défend le roquefort contre l'uniformisation alimentaire, explique Roger Guédiguian. Nous, nous défendons l'exception culturelle.» «J'ai été formé au cinéma américain, je ne le rejette surtout pas. Mais c'est de cette uniformisation que je ne veux pas», reprend le réalisateur Jean-Henri Roger. Après la «mal-bouffe», la «mal-culture», renchérit le cinéaste Pascal Thomas, auteur de la Dilettante, un succès que la grande distribution avait d'abord boudé. Selon eux, l'OMC ne viserait qu'à asseoir la domination du marché sur les hommes. «Le marché écrit ses lois et organise sa propre police pour en contrôler l'application, conclut José Bové. Ce qu'il faut, c'est un outil de contrôle indépendant des marchés, un tribunal international du