Il y a dans la vie d'un gouvernement des gestes qu'il faut savoir
faire. C'est ainsi que Martine Aubry viendra aujourd'hui devant l'Assemblée nationale présenter trois amendements à son projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ils reviendront à retirer du texte, dont l'Assemblée commence l'examen, un prélèvement sur les caisses de la Sécurité sociale (assurance maladie) et de l'Unedic (assurance chômage), destiné à assumer le coût de la réduction des cotisations sociales patronales des entreprises passant aux 35 heures.
Depuis plusieurs semaines, les partenaires sociaux, unanimes, faisaient pression pour que l'Etat respecte la gestion paritaire (c'est-à-dire par le patronat et les syndicats) des régimes sociaux, de la Sécurité sociale ou de l'Unedic. Le Medef, opposé aux 35 heures, a mis tout son poids dans la balance: au cas où l'Etat «prendrait un sou aux organismes paritaires, menaçait Ernest-Antoine Seillière, le patron du Medef, nous les quitterions». La menace avait déjà de quoi faire réfléchir, tant le gouvernement se serait trouvé en situation délicate. Là-dessus, la CFDT est venue en renfort du Medef, vendredi, et fait savoir qu'elle aussi claquerait la porte. Tout l'édifice institutionnel social aurait été mis à bas. Samedi et dimanche, le téléphone n'a cessé de sonner, et les portes de claquer dans les ministères. Samedi à midi, Nicole Notat a été reçue par Lionel Jospin à Matignon. L'explication est tendue. Le Premier ministre rappelle qu'il