Il n'y a plus un, mais deux budgets de l'Etat. L'un le vrai a
commencé à être débattu la semaine dernière à l'Assemblée: c'est le projet de loi de finances (PLF). L'autre vient en discussion aujourd'hui: c'est le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Leur poids dans les comptes de la nation est à peu près équivalent: environ 1 800 milliards de francs de dépenses chacun. Comme ces deux budgets représentent au total 45% du produit intérieur brut (PIB), cela signifie que chaque fois qu'en France on créé 100 F de richesse, 55 F reviennent au salarié et à son entreprise, 22 F vont à l'Etat et 23 F aux organismes de protection sociale (1).
Régulateur. Prélever 22% du PIB pour alimenter le budget de l'Etat, c'est-à-dire garantir la sécurité des biens et des personnes, mener une politique étrangère ou instruire les enfants, est d'un honnête rapport qualité-prix pour un pays moderne. D'autant que l'Etat en France assume davantage que ses fonctions régaliennes minimales: il joue par exemple un rôle d'impulsion économique ou de régulateur social par le caractère progressif de l'impôt sur le revenu. Et comme le budget de l'Etat est intégralement voté et contrôlé par le Parlement, il n'y a rien là qui puisse heurter l'esprit démocratique.
Le statut des autres 23% de prélèvements qui alimentent la protection sociale est beaucoup moins clair. Il a déjà fallu attendre 1996 pour que ces sommes et leur utilisation soient présentées au Parlement dans un cadre instituti