Le Medef peut être satisfait. Il a enfin sa victoire contre le
gouvernement. Ne l'a-t-il pas obligé à reprendre par des amendements de dernière minute un article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale et pas le moindre? Un recul qu'il avait jusqu'ici rarement concédé. L'équipe Jospin a visiblement sous-estimé la détermination et la force du Medef. Ernest-Antoine Seillière et Denis Kessler démontrent, jour après jour, que le vieux patronat français, réputé pour sa tendance au compromis voire sa pusillanimité, s'est muté en parti de l'entreprise. Un parti de combat manoeuvrier. Alors que Martine Aubry pensait faire reculer le patronat à chaque accord signé sur les 35 heures et espérait l'amener à résipiscence, celui-ci tissait, au fur et à mesure de sa retraite, une toile. Alors que le gouvernement, tout à un dialogue singulier avec la CGT, ou avec sa majorité, ignorait la CFDT ou FO, le patronat, lui, signait accord sur accord. Chacun liait un peu plus les partenaires sociaux. Au moment fatidique, la ministre de l'emploi s'est retrouvée face à un front commun patronat-syndicats soudé.
On comprend pourquoi. La CGT est opposée aux aides à l'emploi et tient à sauvegarder les prestations versées aux chômeurs: «L'Unedic a indemnisé déjà très mal les chômeurs», argue-t-on Porte de Montreuil. Le raisonnement vaut pour l'ensemble des régimes sociaux. Pour les autres syndicats, il s'agit ni plus ni moins que de sauvegarder l'édifice institutionnel qui régit les relation