Nicole Maestracci est présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT). Elle prend position ici sur la volonté désormais affichée de l'Etat de soutenir la politique de réduction des risques. Comment augmenter le nombre de boutiques d'accueil pour les toxicomanes si leur installation est sans cesse mise en cause par les riverains?
Il existe 32 boutiques sur l'ensemble du territoire, et la plupart fonctionnent sans remise en cause particulière dans le voisinage. Toute installation d'une structure d'accueil nécessite un travail préalable de concertation. Cela ne s'est pas suffisamment fait par exemple rue Beaurepaire, dans le Xe arrondissement de Paris (1). Lorsqu'on prévoit de s'installer, il faut donner à la population des réponses suffisamment en amont, lui communiquer les résultats positifs de la politique de réduction des risques.
L'Etat s'est précisément montré peu présent durant le conflit de la rue Beaurepaire pour soutenir cette politique de réduction des risques. Pourquoi?
Lorsque le problème de la rue Beaurepaire s'est posé, le plan triennal de lutte contre la drogue et de prévention des dépendances n'avait pas été adopté par le gouvernement. Ce plan prévoit notamment d'ouvrir 3 «sleep-in» supplémentaires (accueils de nuit, ndlr), 20 boutiques en trois ans et de constituer 30 équipes mobiles de proximité pour les quartiers en difficulté. Il insiste sur la formation et l'information des personnels concernés (gendarmes, policiers, douaniers, éducateurs, enseignants). Historiquement, la politique de réduction des risques s'est installée de manière clandestine. Elle a été f