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Libération

Jospin, Blair, Schröder. La bataille pour le leadership des idées.

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Depuis des mois, le Français essaie de contrer la «troisième voie» vantée par les deux autres.
publié le 8 novembre 1999 à 1h51

Ceci est l'histoire d'un ménage à trois, d'un vaudeville européen. Tony Blair le Britannique, Gerhard Schröder l'Allemand, Lionel Jospin le Français: trois hommes de gauche au pouvoir dans les trois grands pays de l'Union européenne. Depuis l'arrivée au pouvoir du SPD à Bonn, il y a les embrassades de façade, les malentendus, les rivalités de coulisses. Mais, au-delà des querelles de personnes, ce vaudeville à l'européenne met à nu les logiques politiques à l'oeuvre en Europe. Alors même que la convergence économique s'accentue, les discours demeurent fortement entachés de problématiques nationales, rendant parfois même impossible le dialogue.

Une scène illustre ce décalage. Le 11 février 1999, un grand costaud, fumeur de cigares, pénètre dans le bureau de François Hollande, au siège du PS, rue de Solférino. Bodo Hombach est à Paris pour expliquer aux Français le «neue Mitte» («nouveau centre») de Gerhard Schröder. Afin d'illustrer son propos, il détaille au patron du PS ses difficultés à trouver une femme de ménage" Telle candidate voulait être payée au noir; une autre était malade; la troisième a décliné l'offre pour éviter de devenir imposable. «J'ai dû embaucher une étrangère», conclut-il au bout de vingt minutes. Moralité: dans les social-démocraties, l'Etat-providence, trop envahissant, freine le retour à l'emploi.

Créer un nouveau réseau Alors chef de la chancellerie, Bodo Hombach est l'un des personnages clés de cette bagarre, avec l'Anglais Peter Mandelson, le plus pr