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Libération
Interview

«Tout semble dédié au dieu économique».Pour Jack Lang, les propositions de l'Internationale sont trop timides.

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publié le 8 novembre 1999 à 1h51

Ancien ministre de la Culture et de l'Education, Jack Lang est

président de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale. Au pouvoir dans onze des quinze pays de l'Union européenne et dans de nombreux autres pays du monde, les sociaux-démocrates triomphent. Pourtant, on peine à discerner précisément leur projet.

Ce que la social-démocratie a gagné en puissance, en rayonnement international, en implantation durable au pouvoir, elle risque en effet de le perdre en singularité, en originalité, en identité. Nous nous sommes tous ralliés à l'économie de marché, et la formule de Lionel Jospin, «oui à l'économie de marché, non à la société de marché», sonne juste. Mais comment la concrétiser? Comment éviter une dérive droitière, libéraliste, alors que le marché ambitionne de tout dévorer sur son passage: l'espace public, la solidarité, la culture, etc. Il faut relever ce défi. Or, les textes qui nous sont soumis à l'occasion de ce congrès de l'Internationale socialiste me semblent beaucoup trop économicistes et surtout trop timides. On aimerait davantage de souffle. Ils vont dans le bon sens, mais il leur manque plusieurs dimensions.

Lesquelles?

D'abord, une vision du futur à longue portée. Il ne faut pas que l'horizon intellectuel se confonde avec l'horizon électoral. Si nous naviguons à l'aveugle, sans être capables d'anticipation, c'est l'ordre mercantile, tourné vers l'immédiateté de la consommation et du profit, qui imposera sa loi. La dimension imaginaire est é