Marseille envoyée spéciale
Les occasions de sourire ne sont pas si fréquentes. Alors, quand Lionel Jospin serre les dents pour cause d'affaire Mnef, Jacques Chirac dévoile les siennes. Avant d'aller impromptu à Carcassonne pour se rendre compte des dégâts provoqués par les violentes intempéries, le chef de l'Etat n'a pas boudé son plaisir vendredi et samedi lors d'une visite de terrain à Marseille. Avec juste ce qu'il faut de mesure et de discrétion. Rien qui ne puisse gâter la cohabitation. Après avoir rappelé sévèrement à l'ordre son Premier ministre, qui l'avait visé lors des questions à l'Assemblée nationale il y a dix jours, Jacques Chirac s'est abstenu de souffler sur les braises. Il s'est contenté d'afficher une mine radieuse, redisant, dans un déplacement aux allures de clip promotionnel, tout le mal qu'il pense de la politique du gouvernement.
Le président de la République avait de bonnes raisons de se sentir à son aise à Marseille. Impeccable pour rejouer la pièce de la «fracture sociale». Un dialogue avec des jeunes, une visite d'une association des quartiers nord de la ville, une promenade dans les rues historiques du Panier et le voilà qui retrouve les accents de sa campagne de 1995. Reçu par le maire Démocratie libérale (DL) de la ville, Jean-Claude Gaudin, il s'est fait ainsi l'apôtre de la «tolérance», de la «générosité» et de l'«intégration». Marseille a, en plus, le mérite d'être l'une des rares grandes villes où l'opposition peut se regarder sans honte. Le t