Pour Libération, Farid Zarouali explique l'enchaînement des faits qui l'ont amené de la tranquille cité d'Orléans à Tanger. A travers son témoignage se dessinent le recrutement et l'utilisation des jeunes Arabes de banlieue par des réseaux terroristes.
«J'avais 14 ans et demi quand j'ai connu Saïd. Je n'avais pas eu d'éducation religieuse, même si mes parents sont pratiquants. La mosquée venait d'ouvrir dans notre quartier de l'Argonne, et nous étions alors plusieurs du même âge à vouloir en savoir plus sur notre culture, nos racines, et nous sommes tombés sur lui. Saïd était très instruit, il connaissait parfaitement le français et l'arabe. C'était un exemple pour nous. Je sais maintenant que son discours changeait en fonction des gens qu'il rencontrait. J'ai compris qu'il évitait les vieux, sans doute savait-il qu'ils se méfieraient.»
Faire la révolution. «Avec nous, il y est allé progressivement. Il disait que face à l'injustice, quand on est jeune, il faut réagir. Il a utilisé le contexte de l'époque, la guerre du Golfe, et surtout la Bosnie. Il disait que les musulmans ne pouvaient se contenter d'un rôle simplement religieux, qu'il fallait aussi s'intéresser à la politique. Il nous lisait sans cesse des versets du Coran, et au début de 1992, il a commencé à nous parler de faire la révolution, et ensuite des attentats. La même année, il m'a proposé de partir faire un stage en Afghanistan. J'ai refusé. Et puis, je ne sais pas pourquoi, j'ai accepté. Il m'a