Peut-être un tout petit peu fragile, mais pas plus que ça, pas de quoi téléphoner à maman. Tout à l'heure, il quittera le salon désert du Lutetia pour rejoindre sa femme, Françoise, et le chat, partis en avance pour le week-end à Blois. L'antihéros est fatigué, avec sa tête d'oisillon ébouriffé nichée dans un col roulé, mais disponible aussi, attentif aux autres. Une petite fille pieds nus trottine un lèche-vitrines dans un couloir du palace: «Où sont ses chaussons? Elle va prendre froid!» On le rassure: la moquette est nickel, épaisse, et d'ailleurs sa nounou arrive, canon sorti d'une chanson de Ferré, style «c'est du vison en haut des cuisses». L'oeil d'Alain Souchon s'allume, il l'admire en toute candeur, dit d'emblée son plaisir toujours neuf devant les jolies inconnues et invite efficacement à le faire partager. Nous sommes le 11 novembre, jour hors temps, une paix des braves pour celui qui achève un exercice loin d'être sa tasse de thé, le marathon promotionnel d'un album Au ras des pâquerettes, dans les bacs aujourd'hui.
Au fait, que pense-t-il de son album? «Content qu'il soit fini, mort de trouille évidemment, mais on va pouvoir enfin l'extérioriser, le faire vivre.» Et qu'y a-t-il dans son album? Rien de plus, rien de moins que d'habitude, si ce n'est une veine plus sombre encore, de l'humour, une tristesse douce, une révolte sidérée contre le sale air du temps, une ligne mélodique sans surprise peaufinée par Laurent Voulzy, le complice de toujours. On ne sait p