«Le président de la République reçoit qui il veut. Mais sur
l'exception culturelle, la négociation est déjà acquise.» Telle est la position, un tantinet ironique, de Matignon au moment où Jacques Chirac fait preuve d'activisme sur le volet culturel des discussions de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Contrairement à la renégociation de la politique agricole commune (PAC) au début de l'année, le «round du millénaire» qui s'ouvre à Seattle (Etats-Unis) le 29 novembre ne devrait pas faire trop tanguer la cohabitation. Globalement, les deux têtes de l'exécutif sont d'accord sur le sujet et tout bras de fer avec les méchants Américains ne pourra que resserrer les troupes autour du gouvernement. Mais le dossier reste sensible, mêlant les dimensions culturelles, agricoles, alimentaires et sociales, et chaque camp prend soin de marquer son territoire et surveille son rival.
Trio à une seule voix. Prudent comme à son habitude, Jospin s'est assuré, à chaque étape de la préparation du dossier, que la position du gouvernement recevait l'entier soutien du chef de l'Etat. L'OMC a été l'objet de trois conseils restreints à l'Elysée, en présence des deux hommes et des ministres concernés. Lors des réunions à Matignon, l'Elysée était souvent représenté. A la demande de Chirac, l'un de ses conseillers, Jean-François Cirelli, participera à la délégation française à Seattle, qui sera animée par une brochette de ministres: François Huwart (Commerce extérieur), Christian Sautter (Economie)