L'affaire Marion, sur le strict plan judiciaire, est en train de
prendre l'eau. Le Sénat a certes saisi, mardi, le procureur de la République de Paris, Jean-Pierre Dintilhac, après la déposition de l'ancien patron de l'antiterrorisme. Roger Marion avait indiqué devant la commission sénatoriale qu'Yvan Colonna, recherché aujourd'hui pour l'assassinat du préfet Erignac, avait été «prévenu des surveillances dont il faisait l'objet» par les Renseignements généraux, plusieurs mois avant l'arrestation des autres membres du commando. Le même Marion avait indiqué, devant la commission de l'Assemblée nationale, que l'ancien patron du SRPJ d'Ajaccio, Demetrius Dragacci, avait averti, près d'un an plus tôt, le père d'Yvan Colonna, ancien député socialiste, de la surveillance de son fils.
Raymond Forni, député socialiste, a indiqué hier que ce «n'était pas un hasard» si sa commission avait demandé au procureur de revenir devant les députés après la déposition de Marion. Le magistrat a aujourd'hui devant lui «tous les éléments d'appréciation», estime le président de la commission. Le parquet examine soigneusement ces éléments et entend prendre le temps dans une affaire éminemment sensible. Mais il semble dès aujourd'hui que ça n'ira pas loin.
Le Sénat, tout d'abord, s'est un peu pris les pieds dans le tapis de la procédure, et un magistrat reconnaît que cette dénonciation «est un peu confuse». Jean-Patrick Courtois, le président de la commission sénatoriale, a saisi le parquet, après l'avis