C'est un accouchement dans la douleur. Le Rassemblement pour la
France de Charles Pasqua et Philippe de Villiers a eu bien du mal à organiser son congrès fondateur, qui se tient ce week-end à Paris. Deux jours avant, le duo souverainiste en était encore à se chamailler sur les statuts et l'ordre du jour. Après un mariage de raison pour les européennes de juin, Pasqua et Villiers avaient conçu leur RPF dans l'euphorie de leur belle dot de 13%.
Querelles. Très vite, le couple a battu de l'aile. Philippe de Villiers, habitué à être l'incontesté patron de sa petite boutique, le Mouvement pour la France, s'est difficilement consolé de n'être que numéro 2. Derrière les querelles d'ego s'est rapidement profilé un désaccord de fond. L'élu vendéen, attaché à une ligne droitière et traditionaliste, voit d'un mauvais oeil les velléités des proches de Pasqua de miser leur expansion sur le dépassement du clivage gauche-droite au profit d'une lutte entre «européistes» et «souverainistes». Les frictions entre les deux camps ont commencé dès cet été, lorsque Villiers a demandé et obtenu l'éviction de Jean-Christophe Comor, un proche de Pasqua. Ce dernier, s'il continue à travailler pour le RPF, n'a jamais été autorisé à remettre les pieds au siège de Neuilly. Depuis, «c'est Verdun», commente un habitué du lieu. Villiéristes et pasquaïens s'épient à travers les cloisons, et les clashs sont nombreux. Le 22 octobre, les partisans du président du conseil général de Vendée claquent la porte.