Sale week-end pour Jacques Chirac. Scotché à Paris alors que Lionel
Jospin est à Florence avec Bill Clinton, Tony Blair et Gerhard Schröder, le chef de l'Etat a assisté, en direct, à la consécration de la division de la famille gaulliste, avec la naissance officielle du Rassemblement pour la France de Charles Pasqua et à l'échec, encore relatif, de Jean-Paul Delevoye, son candidat à l'élection pour la présidence du RPR. Rarement le président de la République n'aura donné l'impression de se retrouver aussi isolé alors qu'il pense «reconquête».
Charles Pasqua, l'un de ceux qui l'ont fait roi, ne pense plus qu'à le détrôner. Le jour même où les militants RPR élisaient leur président, le chef de file des souverainistes a choisi de tenir le congrès du RPF Porte de Versailles, à Paris, là même où, quasiment vingt-trois ans plus tôt, il portait sur les fonts baptismaux le RPR. Un double pied de nez symbolique à l'adresse du chef de l'Etat puisque le sénateur des Hauts-de-Seine rêve d'assécher le vivier RPR et de présenter à «toutes les échéances futures» des candidats. Des menaces qui ne semblent pas trop effrayer l'Elysée depuis que le Front national est en chute libre. Jacques Chirac, qui aime répéter qu'à «toute chose malheur est bon», est persuadé que la prochaine présidentielle se gagnera au centre. Quant à la base du RPR, elle lui est acquise et le sera à l'approche des échéances électorales déterminantes, pense-t-il. Cet optimisme de rigueur masque mal de grosses inquiétudes