L'attitude du Medef qui, tout à la fois, menace de quitter les
caisses de Sécurité sociale, reporte les négociations sur l'avenir de l'assurance chômage et propose de redéfinir avec les syndicats une «nouvelle constitution sociale», rend le monde syndical perplexe. Hier, dans Libération, Marc Blondel dénonçait le «poujadisme» du patronat. Aujourd'hui, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, définit la position de son organisation.
Au début du mois, vous avez, avec les autres confédérations, obtenu du gouvernement qu'il accède à la revendication du Medef et renonce à ponctionner les régimes d'assurance maladie et de chômage. N'avez-vous pas fait un marché de dupes?
Il n'y a eu aucun marché avec le patronat pour revendiquer que les organismes qui ont vocation à répondre à des besoins sociaux (l'Unedic ou la Sécu) ne soient pas ponctionnés pour financer la réduction du temps de travail. Il faut rappeler que, s'il y a un problème de bouclage financier, il trouve sa source dans le choix du gouvernement d'alléger les cotisations patronales sans contreparties en matière d'emploi. Après coup, le gouvernement a réalisé qu'il ne pouvait pas demander à la Sécu ou à l'Unedic de mettre la main à la poche pour financer des choix politiques auxquels ces dernières n'étaient pas associées. C'est une bonne chose!
Le gouvernement Jospin a donc donné au Medef l'occasion d'une rupture?
Le Medef cherchait un argument pour modifier les relations sociales dans le pays. Sa vision consiste à aban