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Libération

Morte sans sépulture, rue de la Clôture.

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L'autre jour, une prostituée a été retrouvée égorgée. Qui s'en soucie?
par Delphine Gardey, Paris
publié le 27 novembre 1999 à 1h31

Entre Paris et Pantin, une rue, territoire incertain, qui clôt dans la misère Paris la «resplendissante». Sur le chemin des Grands Moulins, entre périphérique et voies de chemin de fer, une friche, un lieu de secours pour ceux, sans-abri et ferrailleurs, qui décident d'y vivre. C'est là que nous travaillons, à la Halle aux Cuirs, dans un bâtiment moderne, nous sommes un groupe d'historiens, des associations spécialisées dans la vulgarisation scientifique auprès des enfants, une équipe qui collecte des objets techniques et scientifiques d'hier et d'aujourd'hui. Nous faisons chaque jour le chemin du métro à ce lieu étrange, ce non-lieu. Nous habitons ce territoire, nous sommes les passants de cette rue. Le gardien de notre immeuble y vit, nuit et jour avec sa famille.

Au printemps dernier, l'équilibre instable de la rue se modifie.

Elles sont quatre, elles sont belles, elles sont jeunes. Brunes, elles viennent sans doute de cette partie de l'Europe en guerre. Elles sont dans la rue.

Sans doute étaient-elles là avant, racolant sur le boulevard Mac Donald, montant dans les voitures des clients et allant un peu plus bas, juste avant les blanchisseries. Rue de la Clôture, il n'y a pas de problèmes pour se garer.

Désormais, les choses s'organisent. Les maquereaux ont installé une caravane en face de l'ascenseur que nous empruntons chaque jour pour accéder à nos bureaux. L'horreur est sous nos fenêtres. C'est l'abattage. Des hommes attendent, deux «couches» sont organisées. Elles se rel