Le gouvernement Jospin vivra-t-il autant qu'il a vécu? Ce 2
décembre, l'équipe mise en place le 2 juin 1997 se trouve à l'exact mi-parcours de la législature actuelle, qui court jusqu'à mai 2002 et qui constitue en quelque sorte son mandat théorique. Un record de longévité depuis le gouvernement Rocard. A quelques exceptions près, le casting a tenu le choc et n'est pas pour rien dans les succès de Jospin.
Pourtant, depuis quelques semaines, l'ambiance a légèrement changé. Pas une modification brutale. Plutôt une altération progressive. Comme si le départ de Strauss-Kahn avait levé un tabou: les ministres de Jospin, même les plus proches du chef, ne sont ni infaillibles, ni éternels. D'autres poids lourds ont eux aussi montrer leurs limites. Allègre a été réduit au silence pour cesser d'exciter les enseignants; Catherine Trautmann a été chaperonnée par Matignon pour sa réforme de l'audiovisuel; Chevènement est sermonné pour ses sorties. Aubry ou Voynet commencent à se préoccuper des municipales de 2001. Les signes de fatigue se multiplient et les entourages, jusqu'alors restés dans l'ombre, montent en puissance. «Il y a un moment où les ministres deviennent des ministères», reconnaît une source gouvernementale.
Pataquès. Coïncidence: ces lacunes se font jour alors que s'achève la phase d'application, plus ou moins respectueuse des promesses électorales. Du coup, les ministres doivent faire preuve de créativité et de capacité à impulser eux-mêmes des projets nouveaux. Ce qui est