Je me souviens des années 1988-1991. Je me faisais traiter de mauvais rocardien, de socialiste infidèle, quand je demandais à Michel Rocard de ne pas se contenter de la baisse du chômage due à la croissance. Nous étions un certain nombre, au sein du PS, à dire qu'il fallait profiter de la grande popularité de Rocard et du haut niveau de croissance (4%) pour faire des réformes radicales contre le chômage et la pauvreté, pour reconstruire la ville" Mais les conseillers de Michel ne voulaient rien entendre: la crise était finie, la politique suivie était la seule possible et devait amener Rocard à l'Elysée. C'était en 1990. En 1993, la croissance étant retombée, le chômage avait repris sa progression. Cette remontée du chômage et quelques «affaires» politico-financières suffirent pour renvoyer la gauche dans l'opposition. Est-on sûr que le PS a tiré les leçons de cette période? A mi-mandat, tout semble indiquer le contraire. Certes, «jusqu'ici, tout va bien»: les statistiques du chômage («catégorie 1») ont baissé et la cote de popularité de Lionel Jospin est au plus haut. Mais la précarité et la pauvreté restent à un niveau scandaleux et le nombre réel des inscrits à l'ANPE («toutes catégories») stagne au-dessus de 4 millions. Et qu'en sera-t-il en 2002, quand l'effet d'absorption des emplois-jeunes sera fini, si la croissance diminue un peu?
La gauche profite-t-elle de la période actuelle (croissance forte et absence d'opposition crédible) pour proposer aux Français un «choix d