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Libération

Jospin et les patrons, la double vie de DSK. Les relations de Strauss-Kahn ont souvent agacé le Premier ministre.

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publié le 9 décembre 1999 à 1h58

Lionel Jospin est ce jour-là d'humeur maussade. Il est chez lui. Il

peste. On est en 1994. Les années d'opposition s'annoncent encore longues, mais l'ancien ministre de l'Education nationale n'a déjà plus envie de renoncer à la politique. Cette fois, c'est des autres qu'ils s'inquiètent, et surtout de ce qu'ils font de ce temps loin du pouvoir. Martine Aubry a construit sa fondation de bienfaisance (Agir) avec l'aide de grosses entreprises. Dominique Strauss-Kahn a réuni un club de grands dirigeants, le Cercle de l'industrie. Tous deux fricotent avec les patrons. Jospin déteste. DSK a une circonstance aggravante: il est son ami.

Principe. Cette colère passerait aujourd'hui volontiers pour de la prémonition. Elle ne reposait pourtant que sur un principe: pour Lionel Jospin, un socialiste, s'il n'a pas à s'interdire de rencontrer des patrons, ne doit s'en faire ni des amis, encore moins des soutiens. Dominique Strauss-Kahn a, au fil des ans, largement enfreint cette règle de conduite. Mais plus il la transgressait, plus il s'affirmait parmi les éminences jospiniennes.

Il fallait être l'ami du premier ministre pour être reçu ­ avec son épouse, Anne Sinclair ­ , la veille de sa démission, à la Lanterne, une résidence de la République à Versailles. Ça a fait tiquer, même chez les socialistes. Mais Jospin tenait à ce geste qui signifiait qu'il ne lâchait personne. Et lorsque, mardi dernier, Dominique Strauss-Kahn lui a demandé de le revoir, il l'a reçu discrètement à Matignon dans