Après les courants, le temps des sentiments? Fini l'époque où des
cohortes de députés socialistes se pliaient aux ordres de leurs leaders respectifs, le groupe PS de l'Assemblée s'émancipe, se déchire, se fractionne selon des critères moins visibles: l'expérience des anciens, l'énergie des néophytes, les intérêts électoraux des «cumulards» ou, tout simplement, les ambitions personnelles. «Plutôt que des équipes constituées, il y a dans le groupe des individus, des élus à géométrie personnelle variable», résume Vincent Peillon (Somme). «Le côté rentre-dedans avec d'un côté des courants et de l'autre un patron à poigne, type Pierre Joxe, ne fonctionne plus», note le président du groupe, Jean-Marc Ayrault. «anciens» contre «modernes», «sociaux» face aux «moraux», «urbains» sous la pression des «ruraux», à mi-législature, état des lieux d'une tribu de 252 membres.
Bagarre sur l'éthique. La querelle n'est pas nouvelle mais les craintes qui s'expriment à l'approche du vote du Parlement, réuni en Congrès sur le Conseil supérieur de la magistrature le 24 janvier, témoignent de la permanence du clivage «anciens» contre «modernes». Face à une «génération Jospin» qui se veut «intransigeante sur l'éthique», l'escouade des caciques mitterrandiens demeure influente. «Chaque parlementaire a en lui une dualité moderne-ancien, analyse un député parisien. Ils ont envie d'être convaincus par l'indépendance de la justice mais se demandent s'ils ne sont pas en train de faire une connerie historiqu