Alors que les nappes de fioul poursuivent leur dérive au large de l'île d'Yeu (lire ci-dessous), la polémique sur la responsabilité de l'accident a rebondi vendredi. Au coeur du débat, les échanges radio entre les autorités maritimes et le capitaine de l'Erika durant les heures qui ont précédé son appel de détresse et le naufrage du pétrolier, dimanche matin. Selon Greenpeace, la préfecture maritime de Brest aurait reçu un premier SOS la veille à 14 heures. Ce message d'alerte aurait été démenti par le capitaine, quarante-cinq minutes plus tard, et ponctué de ces simples mots: «Je fais route.» «Pourquoi le capitaine aurait-il changé d'avis entre 14 heures et 14 h 45? s'interroge Bruno Rebelle, directeur de Greenpeace France. A-t-il subi des pressions pour l'amener à continuer sa route? Et pourquoi la préfecture n'a-t-elle pas vérifié le bien-fondé de ce message d'alerte?»
De son côté, Yves Merle, commissaire général à la préfecture maritime, dément formellement avoir reçu dès la veille du naufrage un appel de détresse de l'Erika. A savoir un «mayday», répété trois fois, qui remplace l'antique SOS en morse. «Le capitaine a seulement signalé des problèmes de gîte, avant de signifier que tout allait bien, raconte Yves Merle. Nous n'avions donc aucune raison d'intervenir sur un navire qui avait apparemment des problèmes avec sa cargaison, comme cela arrive presque tous les jours à cette époque et dans ce secteur, et qui semblait avoir réglé ce problème.» La gîte perdure néanmoins