La cagnotte est retrouvée. Hier avant même d'entamer l'examen
détaillé du collectif budgétaire pour 1999, Christian Sautter, ministre de l'Economie, a annoncé le petit miracle aux sénateurs: les rentrées fiscales dépasseront de 24,3 milliards de francs les estimations de la loi de finances initiale votée l'automne dernier. Bercy, qui en septembre avait réévalué sa prévision de 13 milliards, admet donc avoir sous-estimé de 11,3 milliards de francs le rendement des impôts. Un aveu trop tardif pour ne pas placer la majorité gouvernementale dans une position délicate.
«Harpagon». L'opposition n'a pas été si longue à lever le lièvre. Dès le 8 décembre, lors de l'examen en première lecture du collectif à l'Assemblée, députés UDF et RPR avaient dénoncé «l'omertà» du gouvernement sur les réalités des rentrées fiscales. «C'est Harpagon qui dort sur sa cassette», s'était indigné Philippe Auberger (RPR). A l'époque, Charles de Courson (UDF) était monté à la tribune et avait avancé, au doigt mouillé, sa propre estimation de la cagnotte: 40 milliards. Soit autant de milliards soustraits à la vue et donc au contrôle de la représentation nationale. Des accusations de «délits de dissimulation» accueillis par des haussements d'épaules narquois sur les bancs du gouvernements. «Extrapolations aventureuses», avait riposté Sautter. Peut-être. Mais, dès ce moment-là, le dynamisme de la croissance sur le quatrième trimestre (4,4% en rythme annuel) laissait tout de même mal augurer des prévisions